Retour sur la rencontre autour de l’ouvrage L’Arsenal au fil des siècles. De l’hôtel du grand maître de l’Artillerie à la bibliothèque de l’Arsenal (09-12-24)

Le 9 décembre dernier, les salons de l’Arsenal ont accueilli un public nombreux composé de lecteurs, passionnés de bibliothèques, amateurs de patrimoine, férus d’histoire militaire, historiens et agents de la BnF, venus assister à la présentation de l’ouvrage L’Arsenal au fil des siècles, publié un mois plus tôt. Dans le Grand Salon, Olivier Bosc et Sophie Guérinot, respectivement directeur et cheffe du service Communication et conservation et responsable du fonds estampe de la bibliothèque de l’Arsenal, ont présenté l’ouvrage qu’ils ont co-dirigé. Ce billet vous propose un rapide retour sur cet événement.

À la suite des discours de Marie de Laubier, directrice des collections de la BnF, et de Philippe Régnier, président de la Société des Amis de la Bibliothèque de l’Arsenal, Olivier Bosc a évoqué l’histoire riche et pluriséculaire dont l’Arsenal est le témoin, entre permanence et métamorphose.

Perçu comme “malheureux” après la perte de sa vue sur la Seine et de sa vaste superficie, l’Arsenal brille aujourd’hui par ses trésors patrimoniaux. Aujourd’hui, du vaste domaine militaro-industriel de douze hectares, seul subsiste l’hôtel du grand maître de l’artillerie, renommé pour ses décors préservés malgré les aléas du temps et les nombreuses transformations du bâtiment. Parmi eux, le cabinet La Meilleraye et le salon de Musique témoignent de son faste architectural aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, tandis que le cabinet des Femmes fortes illustre la vogue éphémère de ce genre de cabinets en Europe au milieu du XVIIᵉ siècle. Les recherches récentes de Marianne Cojannot-Le Blanc et Étienne Faisant ont permis de restituer le bâtiment à son apogée, au XVIIᵉ siècle et de remettre en perspective l’importance des lieux avant sa transformation en bibliothèque par le marquis de Paulmy. Chose rare, le mobilier hérité du marquis, étudié par Christophe de Quénétain et Sophie Mouquin, a lui aussi été conservé.

Les collections de ce pionnier de l’histoire de la littérature – manuscrits médiévaux, incunables, estampes – se sont au fil du temps enrichies d’archives, de livres rares, d’objets et de manuscrits. L’Arsenal, maison de collectionneurs depuis Paulmy, a su attirer nombre de bibliophiles, comme Charles Nodier (1780-1844) et Paul Lacroix (1806-1884), préservant une diversité thématique et patrimoniale unique.

Le lien très fort entre collections et bâtiment a permis à l’Arsenal d’être préservé et sauvegardé à travers les époques, les guerres, les révolutions, les remaniements urbains et les rationalisations administratives. Aujourd’hui, il demeure un lieu d’exception dans le paysage patrimonial français. C’est cette histoire qui fait de l’Arsenal le lieu exceptionnel, témoin d’une histoire complexe et pluriséculaire.

Après avoir remercié les co-auteurs et les éditeurs, Sophie Guérinot a décrit plus en détail le projet porté par l’ouvrage.

Sophie Guérinot a également présenté les vitrines où chaque agent de l’Arsenal ayant souhaité participer a sélectionné des pièces qui lui tenaient particulièrement à cœur. Parmi ces collections figurent des œuvres emblématiques telles que l’Office de sainte Barbe (Ms-15039), patronne des artilleurs, le « Regnault de Montauban » (Ms-5072-5075), l’Évangéliaire de sainte Aure dans sa reliure d’orfèvrerie (Ms-1171), mais aussi des pièces moins exposées, comme la maquette d’un bateau négrier léguée par l’Abbé Grégoire (RES NF-1199). L’exposition inclut également des photographies, des témoignages écrits des habitants qui ont fait vivre ces lieux, et des acquisitions récentes, comme le rouleau manuscrit des 120 Journées de Sodome du Marquis de Sade (MS-1587), tout juste restauré. À travers cette présentation, l’exposition reflète à la fois la diversité et la richesse des collections de l’Arsenal, tout en rendant hommage au travail quotidien de préservation et de mise en valeur mené par ses équipes.

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