Restauration du palais Mazarin de la Bibliothèque impériale en 1854

En avril 1856, la revue d’Adolphe Lance (1813-1874) et Victor Calliat (1801-1881), l’Encyclopédie d’architecture, rendait compte des premiers travaux entrepris par le nouvel architecte attaché à la Bibliothèque impériale, à savoir Henri Labrouste (1801-1875), nommé en remplacement de Louis Visconti (1791-1853) le 16 février 1854. C’est cet article que nous transcrivons ci-après avec des notes de notre fait.

Restauration du Palais-Mazarin.

Les travaux entrepris depuis deux ans à la Bibliothèque impériale, et qui ont eu principalement pour objet la restauration des anciens bâtiments du côté de la rue Vivienne, touchent à leur terme.

On se rappelle que, vers la fin de 1854, la galerie mazarine inférieure, appelée par Sauval la galerie basse¹, a été affectée au département des estampes, qui était auparavant réuni au dépôt des plans et cartes géographiques. Cette galerie, qui correspond à celle des manuscrits où se trouvent les belles peintures à fresque exécutées par Romanelli en 1651, était coupée sur une partie de sa longueur, qui est de 43 mètres, par des planchers en charpente, sur lesquels on avait établi des bureaux à l’époque où la Trésorerie occupait l’hôtel situé à l’angle de la rue Vivienne et de la rue Neuve-des-Petits-Champs. Aujourd’hui, elle a repris ses dispositions premières ; la voûte, de 6 mètres de hauteur, a été restaurée, et l’on a rétabli soigneusement les peintures et les ornements.

Un pavillon, qui avait existé autrefois sur la rue Vivienne, a été reconstruit. On achève en ce moment la démolition des boutiques établies devant les constructions de la Bibliothèque, commencées il y a vingt ans, et abandonnées depuis². A la place de ces boutiques³ qui masquaient le palais de Mazarin, on va ériger une grille, et l’espace compris entre cette grille et les anciens bâtiments sera converti en un jardin de 50 mètres de longueur sur 32 mètres de largeur, orné d’une fontaine et de statues⁴. Au-devant de la grille, un trottoir de 5 mètres de largeur sera ajouté à celui de la rue Vivienne, et facilitera la circulation très-active sur ce point.

Ces travaux, exécutés sous la direction de M. Labrouste, auront pour résultat de dégager complétement [sic] la galerie des estampes, où la lumière est si nécessaire pour les recherches et les études des artistes, et d’assurer en même temps la conservation d’un monument remarquable de l’architecture du XVII^e siècle.

« Restauration du Palais-Mazarin », Encyclopédie d’architecture : journal mensuel, 1856, avril, col. 68-69. Disponible sur Internet, url : <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k14215229/f44.item>.

La description de la galerie basse par Henri Sauval est la suivante :

La galerie construite par Louis Visconti le long de la rue Vivienne, parallèle à la galerie Mazarine, figure dessinée sur un plan de l’architecte où l’on note la légende à l’emplacement du jardin : « 2^me Cour de l’Ancien Trésor » :

Notes

1. Il s’agit d’Henri Sauval (1623-1676) qui décrit la galerie dans son Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, A Paris : chés Charles Moette, libraire, rue de la Bouclerie à St Alexis, près le pont St Michel. Jacques Chardon, imprimeur-libraire, rue du Petit-Pont, au bas de la rue St Jacques à la Croix d’or. M. DCC XXIV. Avec privilege du Roy, vol. 2, p. 176-177. [↩]
2. Il s’agit de la galerie de Louis Visconti « parallèle à la galerie Mazarine, longeant la rue Vivienne. Commencée en 1831, à l’emplacement du préau de la Bourse, elle est achevée en 1847. Il s’agit de l’ancienne galerie du Trésor qui abritait en 1850 des collections ethnographiques. » Voir : Anne Richard-Bazire, « Dans le sillage d’Henri Labrouste, premiers travaux à la Bibliothèque nationale », Livraisons de l’histoire de l’architecture, 2014, n° 28, p. 71-98. Disponible sur Internet, url : <https://journals.openedition.org/lha/393>. [↩]
3. Ces boutiques restent peu documentées dans l’histoire de la Bibliothèque, notamment leurs modalités de location à des commerçants parmi lesquels on comptait la première librairie de Michel Lévy (1821-1875), sise dans ce qui était désigné sous le terme de « Terrasse Vivienne », au 1 rue Vivienne, d’où il passa ensuite au 2 bis de la même rue. Cf. Leclerc, Yvan ; Mollier, Jean–Yves, Gustave Flaubert et Michel Lévy : un couple explosif, Paris : Calmann-Lévy, 2021, 178 p. Au 5, rue Vivienne (terrasse Vivienne) se situait le lithographe Nicolas Mégret mais aussi un magasin de corsets qui prenait des commandes de « billets de mariage et de décès » à lithographier par Pierre Bretagn, du 81, rue des Saints-Pères. [↩]
4. Un dessin d’Henri Labrouste représente la grille installée à la place des boutiques : [Bibliothèque impériale, jardin Vivienne]. 2, BIBLIOTHÈQUE IMPÉRIALE // FAÇADE // de l’ancien Palais Mazarin // Sur la rue Vivienne : [dessin, plan] / [Henri Labrouste], url : <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53011225p>. [↩]

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